Article | Auteur : Cyclow-Tech | Traduction : Samuel Angora
Vive la lenteur !
Encourager les visiteurs à faire des choix plus lents lorsqu'ils planifient et profitent de leurs vacances présente une série d'avantages - pour l'environnement de la destination et la communauté locale ainsi que pour le visiteur lui-même. Rechercher des expériences moins nombreuses et plus significatives plutôt que d'essayer de cocher tous les sites incontournables en un temps limité ? C’est peut-être un moyen de remettre du sens au cœur d’une des activités les plus intrinsèquement sociales qui existent. Avec un rythme plus lent, les visiteurs ont le temps de créer des liens - avec le lieu, les gens et la culture locale dans lesquels ils se trouvent ou qu'ils traversent - et, peut-être même de renforcer ceux avec leurs compagnons de voyage (et eux-mêmes par la même occasion).
Mieux : le tourisme et les voyages “lents” réduisent considérablement l’impact sur l'environnement. En principe, les gens parcourent moins de distance jusqu'à leur destination et lorsqu’ils sont sur place, et privilégient des méthodes de voyage plus durables. L’avantage majeur du slow-travel par rapport aux voyages éco-responsables est qu’il offre une belle place au bien-être, à la convivialité, voire à l'hédonisme. Le slow tourisme est lui aussi intéressant pour répondre au ras-le-bol de l’hyperconnexion, à l’instar de Dan Raven-Ellison, un géographe anglais qui a créé une “carte lente” des randonnées. Les itinéraires ne sont pas destinés à être les plus rapides possibles, mais encouragent plutôt les marcheurs à redécouvrir les sentiers inutilisés et à s'engager dans des promenades plus tranquilles. Un beau pied-de-nez aux réseaux autoroutiers en somme !
“Nous vivons sous la férule d'un dieu qui s'appelle le progrès, un dieu aveugle, qui ne fait qu'une seule chose : se précipiter, qui ne sait même plus pourquoi il se précipite et qui, voyant les dégâts qu'il cause, prétend guérir les maux qu'il cause lui-même. La lenteur est une merveille."
Christian Bobin
Le progrès au service du tourisme, symbole de liberté ou d'asservissement ?
Aujourd'hui, les cartes sont interactives et disposent d'un GPS en temps réel. Finis les chemins noirs des cartes IGN chers à Sylvain Tesson. Les recommandations de restaurants et de sites touristiques ne sont qu'à quelques touches de clavier et ne permettent quasiment plus d’être surpris. Le tourisme n’a jamais été aussi technologique, délocalisé et prévisible. Aucune place pour la véritable découverte le nez au gré du vent, tout est déjà vu et prévu depuis son canapé. Toutes les informations utiles au voyageur sont trouvables sur son smartphone, en lieu et place des offices de tourisme, des guides locaux et des rencontres inopinées ! Le voyageur automate, déjà dépeint en 1946 par Georges Bernanos, semble confirmer la direction technocratique que prend le tourisme du XIXè siècle : “Un monde gagné par la technique est perdu pour la liberté”. Force est de constater que les technologies ont modifié notre rapport au temps et à l’espace. Qui ne s’est jamais surpris à photographier en rafale un coucher de soleil plutôt que de profiter de l'émotion suscitée ?
Nous pensons qu’il est l’heure de changer de paradigme. Que le tourisme actuel se doit de promouvoir la lenteur tout en incluant le passage à d'autres moyens de transport plus décarbonés. S'il est vrai que la redécouverte de la "lenteur" suscite un nouveau regain d’attention, il est nécessaire de consacrer plus de temps à la recherche de moyens permettant de promouvoir le voyage et le tourisme lent. A l’échelle locale, il est déjà possible d’appréhender la technologie au service d’une mobilité douce grâce aux low-technologies. Le vélo en est un bon exemple car il apparaît aujourd’hui comme un moyen efficace pour lutter contre la pollution, dépenser moins et décongestionner les transports en communs et les infrastructures routières. En plus de contrebalancer la place croissante de l’automatisation hyper-mobilité carbonée dans le tourisme, le vélo est un mode de transport qui est capable de transformer notre façon de se déplacer, de consommer, de vivre ensemble et peut-être même de penser.
En selle !
Carte lente des randonnées par Dan Raven-Ellison : Disponible ICI
Long life to slowness !
Encouraging visitors to make slower choices when they plan and enjoy their vacation offers many benefits – for the destination’s environment and the local community, as well as for the visitor himself: researching less but more significant experiences, rather than trying to check all the major sites within a time limit: this might be a way to give back some meaning in the heart of one of the most intrinsically social activity there is. By going slower during their journey, visitors have time to create relationships, with the place, the people and the local culture, and perhaps, they can also strengthen the bonds with their fellow travelers (and at the same time with themselves).
Even better: tourism and “slow” travels significantly reduce the impact visitors have on the environment. In theory, people travel less distance all the way to their destination and once they get there, and they favor more sustainable ways of travelling. The main advantage of slow travel compared to eco-responsible trips is that it offers a nice place to welfare, conviviality, and even hedonism. Slow tourism is also an interesting answer to the dolefulness of hyper connection, much like Dan Raven-Ellison, an English geographer who created the “Slow Ways” of hikes. These routes are not destined to be the fastest, but rather encourage the travelers to rediscover the unused footpaths and step into more peaceful paths. In sum, quite the way to thumb your nose at motorways networks!
“We live under the control of a god called progress, a blind divinity, which only do one thing, hurrying, and doesn’t even know why, and who, upon seeing the damages it caused, pretends to be the cure. Slowness is marvelous.”
Christian Bobin.
Today, maps are interactive and have a real-time GPS. The time of wandering paths from OS maps, so dear to Sylvain Tesson, are over. Restaurants and touristic sites’ recommendations are only a few keystrokes away, and leave almost no room for surprises. Tourism has never been this much technological, delocalized and predictable. There is no place for real discovery by going whichever way the wind blows. Everything is already seen and planned on the sofa. All the information useful for the traveler can be found on their Smartphone, instead of tourism offices, local guides and unexpected encounters! The automaton traveler, already depicted in 1946 by Georges Bernanos, appears to confirm the technocratic path taken by the tourism of the 19th century: “A world where technique wins is a world where freedom looses”. Technologies have clearly transformed our relationship to time and space. Who has never found themselves taking pictures of the sunset in rapid succession, instead of enjoying the provoked emotion?
We believe it’s time for a change of paradigm: today’s tourism has to promote slow speed while transitioning towards means of transport with less carbon emissions. Although the rediscovery of “slowness” spark off a resurgence of interest, it’s necessary to take more time researching methods that promote slow travel and slow tourism. It’s already possible, at a local scale, to grasp the technology which serves a gentle mobility thanks to low-technologies. The bicycle is a good example because it appears today as an efficient way to fight against pollution, to spend less and to decongest public transport and road infrastructures. On top of counterbalancing the increasing automation of carbonated hyper-mobility in the field of tourism, the bike is a mode of transportation capable of changing our ways of travelling, consuming, living together and maybe even thinking.
Back in the saddle!
Map of Slow Ways by Dan Raven-Ellison: Available here